Qu'est-ce que la dépendance affective ?
La dépendance affective est le trop grand besoin de l’affection de l’autre. Ce besoin, souvent motivé par une faible estime de soi, nous pousse à rechercher et à attendre de l’autre ce que nous ne sommes pas en capacité de nous apporter à nous-mêmes.
Comment se matérialise la dépendance affective ?
En dépendance affective, notre drogue, c’est l’autre…
Un moyen de combler ses manques affectifs
Nous attendons de l’autre qu’il comble nos manques affectifs, notre vide intérieur, qu’il nous protège. Nous « tenons », « nous nous tenons » à lui, quite à tout accepter, les bons comme les mauvais traitements, pour ne pas le perdre. Nous sommes attachés à l’autre, nous dépendons de l’autre pour nous aimer.
Un besoin compulsif d'amour.
Si nous sommes en dépendance affective, nous avons ce besoin compulsif d’amour de l’autre, alors que, paradoxalement, nous-mêmes ne nous estimons pas « aimable », dans le sens de « digne d’être aimé ».
Une addiction relationnelle
La dépendance affective peut être assimilée à une addiction relationnelle, nous sommes prêts à tout pour obtenir notre dose d’affection ou d’amour de l’autre, tout en restant éternellement insatisfaits, car ce n’est jamais assez ou pas comme nous l’avions imaginé. Et si nous ne l’obtenons pas, nous sommes en état de manque perpétuel.
« L’autre devient une drogue apaisante et rassurante, celui qui réglera nos affaires d’enfance. Il ne représente plus l’être cher mais l’oxygène dont on a besoin pour vivre ».
Docteur William Lowenstein
D'où vient la la dépendance affective ?
Certains traumatismes vécus dans l’enfance dans nos premières relations affectives (manque ou trop plein affectif, sous ou sur-protection, maltraitance, chocs émotionnels…) sont à la source de relations basées sur la dépendance affective comme moyen de survie à l’âge adulte…
Comment les relations humaine dès l'enfance peuvent générer la dépendance affective ?
John Bowlby, psychiatre et psychanalyste britannique (1907-1990) a étudié les relations entre êtres humains dès l’enfance et les a formalisées dans la Théorie de l’attachement.
Selon cette théorie, dès sa naissance l’enfant a un besoin inné, pour connaître un développement social et émotionnel normal, de développer une relation d’attachement avec au moins une personne qui prend soin de lui de façon respectueuse, cohérente et continue, c’est primordial pour son évolution psychologique. Les premières figures d’attachement sont les parents, ou toute autre personne en assurant la fonction, celle de prendre soin de l’enfant (« caregiver ») en fonction de ses besoins.
Quel est l'impact de la sécurité dans la dépendance affective ?
Mary Ainsworth, psychologue américaine du développement (1913-1999) a repris cette théorie en y introduisant la notion de « sécurité », et défini deux types d’attachement de base :
- l’attachement sécure : l’enfant reçoit tout ce dont il a besoin de la part de l’adulte parent ou de la personne chargée d’en prendre soin et de l’élever, il se sent en sécurité, il est comblé, il peut se construire sur des bases solides,
- l’attachement insécure ( de trois types : anxieux, évitant ou désorganisé) : l’enfant est en manque, en carence affective dès l’enfance, il ne reçoit pas l’amour inconditionnel ou la protection dont il a besoin pour s’épanouir et grandir en toute sécurité, il se construit sur des bases instables.
Si nous avons vécu un attachement insécure dans l’enfance, la dépendance affective à l’âge adulte serait un moyen de nous sécuriser à long terme dans nos relations affectives ou amoureuses d’aujourd’hui.
De la dépendance affective à la dépendance amoureuse
Comment l’autre pourrait-il nous aimer si nous ne nous aimons pas nous-mêmes ?
Le couple est un cas particulier
Dans le cas particulier du couple, entité sociale formée de la relation entre deux êtres qui choisissent de s’unir, la dépendance amoureuse trouve son terrain d’expression privilégié. C’est pourquoi, au-delà de l’état fusionnel inévitable des débuts de la relation, où l’un se fond dans l’autre passionnément et réciproquement, où « les deux ne font qu’un », où « jamais l’un sans l’autre », l’un et l’autre se doivent de défusionner, pour évoluer vers une relation d’amour plus adulte, sur la durée, dans le respect de soi et de l’autre, dans l’écoute des besoins de soi et de l’autre, une relation où l’un et l’autre peuvent se sentir exister en même temps, et non seulement l’un ou l’autre, séquentiellement.
La dépendance affective impacte l'équilibre relationnel du couple
A défaut, des comportements relationnels de type soumission/domination s’installent (c’est l’un ou l’autre, ou l’un contre l’autre), nuisibles à l’harmonie du couple. Ce rapport de forces déséquilibré est source de souffrances et de conflits pour les deux partenaires et, à terme, risque potentiel de rupture.
La dépendance affective est comme l’antidote de l’amour. Synonyme d’attachement insécure, elle se vit dans la possessivité et la quête de soins d’un « bon parent » idéal que nous cherchons en l’autre, sans le trouver jamais.
Comment se libérer de la dépendance affective ?
En prenant conscience que vous êtes dans ce type de schéma relationnel à l’autre, répétitif et insatisfaisant.
Sortir de la dépendance affective en travaillant sur l’estime de soi et la confiance en soi.
Apprendre à vous aimer vous-même.
Dans une relation adulte saine, les deux partenaires sont autonomes
Ils se laissent l’espace nécessaire pour respirer et exister ensemble en toute liberté d’être soi et d’être aimé pour cela.
Et, pour reprendre les termes du Docteur William Lowenstein, ce n’est pas à l’autre de « régler nos affaires d’enfance », cela nous appartient et ne dépend que de nous.
